Amaya Erin S.

Une jeune fille qui avait toujours eu tout ce qu’elle voulait, qui n’avait jamais eu à se plaindre, alors pourquoi avait-elle eu le besoin de rejoindre ceux qui s’étaient soulevés contre le régime actuel de Clair Monde ?

Amaya était le fruit de l’amour d’une coréenne tout juste installée à Clair Monde et d’un des hommes les plus riches de la ville, bien que n’étant pas moins qu’un simple pantin comme tant d’autres. Née avec une cuillère d’argent dans la bouche, fille unique, elle a toujours été choyée, couvée et pourrie gâtée, jusqu’à la moelle. Pas étonnant qu’elle ait développé une personnalité aussi exécrable dans ses relations avec les autres. Toujours à donner des ordres, à refuser qu’on lui en donne, elle n’est guère facile à vivre quand on ne la connait pas assez. Pourtant elle reste l’une des filles les plus populaires, adulée et détestée à la fois. Oui elle avait vraiment tout pour plaire et pour désirer vivre ainsi à Clair Monde. Pourtant ce n’était pas le cas, la demoiselle mourait d’ennui dans sa cage de verre et sentait bien que quelque chose clochait quelque part.

Alors qu’on la prenait souvent pour l’éternel cliché de la magnifique jeune fille qui a tout pour plaire mais qui n’est pas très dégourdie, il n’en était rien. Certes elle était vraiment médiocre en cours, rendant parfois ses professeurs fous de rage de voir qu’une jeune fille qui serait quoiqu’il arrive promis à une brillante carrière et une place au Soleil – merci papa – pouvait montrer autant de désintérêt pour ses études et qui se moquait bien de ramener des bulletins pareils chez elle. Enfin c’était facile pour elle, il suffisait de dire à papa que c’était les professeurs qui étaient bêtes et méchants, et pas c’était elle qui ne faisait aucun effort. En réalité ce n’était que du désintérêt pur car la seule chose qui la passionnait vraiment c’était l’informatique. Étonnant pour une jeune fille n’est-ce pas ? Évidemment personne n’était au courant, du moins au début, car bêtes comme pouvaient-être les gens personne n’aurait compris qu’une fille comme elle puisse avoir une quelconque passion pour un appareil comme celui-ci. Elle qui ne devait s’intéresser qu’aux choses futiles comme le shopping et les garçons.

Mais Ama n’était pas stupide, elle savait bien qu’elle ne trouverait jamais d’amis sincères avec un statut comme le sien – et avec un caractère comme le sien aussi, mais ne lui dites pas, elle vous en voudrait de médire ainsi sur elle – alors un jour elle demanda à récupérer un de ceux de son père. Et c’est ainsi que tout commença. Au début elle ne faisait que des trucs plus banals les uns que les autres, des choses que tous les jeunes de son âge faisaient, mais bien vite elle s’en désintéressa aussi. Puis elle découvrit un fichier qui trainait encore, son père ne semblait pas avoir très bien fait le ménage avant de céder au caprice de sa fille. Curieuse, elle voulu l’ouvrir mais l’accès lui fut refusé : il lui faudrait un mot de passe, dépitée elle entreprit tout d’abord de fouiller la chambre de ces parents, en vain. Son père n’utilisait pas de papier pour se souvenir de ces mots de passe.

Combien aurait abandonné à sa place ? Beaucoup sans doute, mais pas elle. Bornée et fière elle entreprit de découvrir comment certains faisaient pour passer les barrières de sécurité qui pouvaient exister sur les fichiers électroniques. Mais il lui fallut du temps, beaucoup de temps et même si ça l’agaçait au plus au point elle fini par prendre goût à ce que l’on appelle communément : le piratage informatique, car ce dossier là – qui au final ne lui servit pas à grand-chose à par découvrir la liste de nombreux contacts à son père – ne fut que le premier d’une longue lignée de fouinage et autres petites fraudes.

C’est à 17 ans que ses soupçons sur la façon dont était dirigée la ville prirent toute leur importance et qu’elle rencontra Erwan Gösdel. C’était un froid matin d’hiver et l’envie lui avait pris d’aller faire quelques emplettes de Noël, sans personne, que ce soit sa mère ou les domestiques elle les avait tous envoyer voir ailleurs. Sauf que qui dit hiver, dit neige mais surtout dit verglas et même si elle n’était pas maladroite elle ne put éviter une mauvaise chute sur l’un des raccourcis qu’elle avait pris en rentrant et comble du malheur, comme si le ridicule ne suffisait pas il avait fallu qu’elle se foule la cheville. Enfin il n’y avait qu’une seule personne qui l’avait vu et c’était lui. Lui qui n’hésita pas à lui proposer son aide avec une gentillesse à laquelle la jeune demoiselle n’était pas habituée. Il la ramena chez lui, car elle lui avait dit qu’elle habitait bien trop loin et que ses parents ne pouvait la chercher pas un temps pareil alors qu’en réalité elle ne voulait surtout pas qu’il sache qu’elle était la fille Spear.

Le temps s’écoula et elle s’attacha énormément à lui, il fut son premier mais ses absences de plus en plus fréquentes commencèrent à l’agacer. C’est alors qu’elle entreprit de découvrir se qu’il pouvait bien fabriquer quand il n’était pas là. S’imaginant les pires scénarios, elle ne trouva cependant rien de concluant, avant de s’attaquer à son ordinateur et d’y passer les nombreuses protections qui s’y trouvaient. Jamais elle n’avait vu tant de précautions et au final elle prit bien plus de plaisir à les passer les unes après les autres qu’elle oublia un peu la cause de tout cela. Avant de tomber sur des notes, où elle apprit enfin ce qu’il faisait, qu’il était de ceux qui était contre le régime de Clair Monde et qu’il avait surement eu les mêmes soupçons qu’elle.

Mais elle ne l’entendit pas rentrer. Vexé de ce qu’elle venait de faire, Erwan fut cependant sidéré de voir qu’elle était rentré avec tant de facilité dans ses dossiers et c’est ainsi que quelques jours plus tard elle entra elle-aussi chez ceux qui voulait en finir avec cette fausse utopie. Elle avait à peine 18 ans désormais mais pourtant elle était la meilleure dans son domaine. Elle s’amusait également à déposer de nombreux messages codés sur la toile afin de recruter ceux qui pourraient les aider, ceux qui voulaient aussi mettre fin à cette comédie. Ce qui avait quelque peu porté ses fruits, comme par exemple avec la jeune Rebecca Ashton qui les rejoint quelques temps plus tard. Et sa relation avec Erwan dans tout ça ? Hmm c’était compliqué, très très compliqué.